C'est en effet le 11 mars 1959 que
la Société Cogenor a
été mise en liquidation judicaire.
Les syndics chargés de cette liquidation
ont bien tenté de continuer le travail
jusqu'au 14 avril 1959, date où la
concession établie pour trois ans, par la
commune, prenait fin, mais ils se sont vite
rendus compte que le travail dans cette
carrière était
particulièrement difficile, le
matériel était fatigué, les
créanciers demandaient leur argent et
aucune commande n'était faite, il fallait
fermer les portes.
|
|
|
|
Une vingtaine de familles se
trouvaient ainsi sans ressources. La commune de
Moissey intervenait maintes fois avec
énergie, les administrations, à la
sous-préfecture, aux Ponts et
Chaussées, aux Eaux et Forêts,
essayaient de de trouver un entrepreneur
sérieux et valable.
La carrière de Moissey n'est pas une
carrière comme les autres. Il faut aller
à 200 km pour trouver un gisement
semblable. La pierre est particulièrement
dure, c'est une espèce de porphyre
appelée "eurite", d'origine primaire. Sa
dureté en fait le revêtement
idéal des routes, revêtement qui
empêche tout dérapage car le
gravillon obtenu reste à angles vifs. Les
usagers de la route savent bien le
reconnaître. Le banc exploité,
très étroit, une cinquantaine de
mètres au maximum, part de Moissey et va
jusqu'à Serre-les-Moulières,
traversant le massif de la Serre, sur plusieurs
kilomètres. En 1914, l'armée a
commencé à exploiter au lieu-dit
"les Gorges", mais le banc se termine là
et la pierre n'y est pas de bonne
qualité. C'est vraiement en 1930 que
l'exploitation actuelle a commencé,
grâce à un homme d'une rare
énergie, M. Jean-Marcel Téliet,
qui patiemment, a réussi à
aménager cette carrière.
Après une interruption due à
la guerre de 39-45, il mettait en marche de
nouvelles installations, et en 1950, obtenait de
la commune de Moissey un bail
amphytéotique de 99 ans sur 1,78 ha de
terrain pour y faire des installations solides,
et une concession pour exploitation de trois ans
renouvelable. Tout marchait bien, quand
subitement, le 14 novemebre 1954, M. Jean-Marcel
Téliet décédait.
Les successeurs devaient, après un an
d'efforts, abandonner la partie. La
Société COGENOR, dirigée
par M. Hubert Chewalinsky, prenait la suite.
Elle construisait une installation très
moderne, faisait des investissements
considérables, et grâce à un
important marché de fournitures au camp
d'aviation de Broyes-les-Pesmes, plus de
150 000 mètres-cubes en un an,
travaillait à un rythme jusqu'alors
inconnu. Mais Broyes-les-Pesmes terminé,
les commandes se firent rares, le beau
matériel n'était payé qu'en
partie et c'était la liquidation
judiciaire avec un passif impressionnant.
Nouvelles difficultés, la partie du
banc d'eurite situé au sud de la route de
la Serre est est épuisée: il faut
passer de l'autre côté,
déboiser, effectuer une nouvelle
découverte. Ce sont de nouveaux
onvestissements fort importants à
prévoir. C'est pourquoi, pendant de longs
mois, les entrepreneurs intéressés
viennent sur place, font des calculs,
hésitent. Enfin, M. Pernot, entrepreneur
de carrières bien connu dans la
région de Champagnole, associé
à une importante société de
la Gironde, constitue une société
nouvelle "les carrières de Moissey",
achète à la Cogenor ses
installations et obtient de la commune de
Moissey le bail amphytéotique à
son profit.
|
|
|
|
En septembre, une concession
d'exploitation proprement dite
|
Les travaux commencent. Il faut
remettre en état tout le matériel
racheté et laissé presqu'à
l'abandon depuis près de deux ans et
surtout, au nord de la route, enlever toute la
terre, les troncs d'arbres pour mettre le banc
d'eurite à nu afin de créér
un nouveau front de carrière. La pluie
qui ne cesse de tomber crée des
difficultés incroyables: la terre
argileuse qui se transforme en boue glisse de
chaque côté du bull-dozer qui ne
peut faire son travail. une nouvelle
installation, un scraper doit être
monté: ses godets permettront,
pense-t-on, de faire ce travail. Une route doit
être construite pour emmener la pierre
vers les concasseurs.
Les ateliers ne sont pas encore
réparés et bien du travail est
encore nécessaire pour que tout soit
aménagé.
Mais depuis quelques jours, l'installation
proprement dite commence à fonctionner et
nous lui avons rendu visite. Dans le front de
carrière ancien, plus de vingt
mètres de hauteur, de nouvelles mines ont
éclaté. Une hoog charge de gros
blocs sur un camion. Celui-ci les emmène
au puissant concasseur capable d'écraser
par jour 1000 mètres-cubes de blocs
atteignant parfois un demi-mètre-cube et
de le transformer en pierres de 5 à 10 cm
de diamètre. Celles-ci sont
emmenées par un grand tapis roulant sur
un vaste emplacement en forme d'entonnoir
où elles sont reprises par un autre tapis
et emmenées dans un crible primaire.
Là, la pierre est riée en trois
catégories: grosse, moyenne, petite; la
terre est séparée et
envoyée dans un stockeur. La grosse
pierre passe dans un nouveau broyeur. Le produit
obtenu ainsi, la moyenne et la petite pierre
sont acheminées séparément,
les une vers de nouveaux broyeurs ou vers les
tapis légèrement obliques qui
trieront le gravier en trois
catégorilles: gros, moyen, petit. Ce qui
est trop fin est séparé. Tout ce
qui se trouve trop gros repasse à nouveau
dans de petits concasseurs par de nombreux
circuits.
Le résultat, vous le connaissez, ce
sont les tas de gravillons que vous trouverez
à nouveau sur le bord de nos routes du
Jura dès le printemps prochain, gris ou
rose: il est facile de le reconnaître, le
sable de rivière concassé n'a
qu'une ou deux arêtes vives, un
côté au moins étant arrondi.
Celui-ci, que vous le mettiez dans n'importe
quel sens, accroche le pneu ou la semelle des
souliers. Car, une autre caractéristique
de la pierre de cette carrière, c'est
qu'elle n'est pratiquement achetée que
par les Ponts et Chaussées pour le
revêtement des routes. Etant très
dure, elle coûte très cher à
extraire et à broyer, le matériel
s'use avec une vitesse prodigieuse. C'est
pourquoi on peut envisager de l'utiliser que
pour la partie supérieure de la
chaussée, tout ce qui est en dessous
étant en calcaire. Un marché de
fournitures aux Ponts et Chaussées du
Jura est dès à présent
acquis. D'autres marchés se feront
certainement avec le Doubs, la Côte d'Or,
la Haute-Saône car Moissey se trouve
à quelques kilomètres de ces
différents départements et les
approvionnait déjà il y a une
dizaine d'années.
D'autres projets d'extension de
l'utilisation des produits de la carrière
sont d'ores et déjà
envisagés. Nous en reparlerons plus tard.
Souhaitons dès à présent un
succès à MM. Pernot Père et
Fils, directeurs de cette carrière et une
grande prospérité, la seule du
canton de Montmirey-le-Château permettant
ainsi à des familles d'ouvriers aimant la
campagne de vivre normalement dans notre
région et de redonner à Moissey
une activité qu'elle avait perdue.
|
|
|
les trois photos qui suivent sont extraites des
Dépêches (bromures d'affichage)
|
René Schorsch, au pied de son
camion.
|
|
|
|
Camille Pernot en train de souder.
|
|
|
les trois photos qui suivent sont extraites du
Progrès (journal de 1961 scanné)
|
José Raposo sur le broyeur
P110.
« Mon grand-père
s'appelait Joseph Raposo (dit José), il
est né le 13 janvier 1900 et est
décédé le 23 mars 1976. Il
est arrivé en France vers 1927 et ma
grand-mère l'a rejoint en 1928; puis ils
se sont installés à Moissey vers
1930. Il a travaillé à la
carrière en tant que gardien de nuit
(d'après ma tante Flavie) ce qui lui a
permis d'aider les FFI pendant la guerre. Seule
ma tante Aurélie est née au
Portugal.»
Nathalie Generet, fille de
Françoise Raposo, donc petite-fille de
José..
|
|
|
|
Sur le P2, tout le monde est au boulot (Camille
Pernot à gauche).
|
|
|
|
|
|
|
|
autres articles sur le
porphyre de Moissey
|
textes de:
|
|
Christel Poirrier
|
|
|
|
Christel Poirrier
|
|
|
|
Le Progrès-Les
Dépêches
|
|
|
|
|
|
Le Progrès
|
|
Jérôme
Cornéglio
|
|
Christel Poirrier
|
|
Christel Poirrier
|
|
Peinture de ELG et FM
|
|
Christel Poirrier
|
|
|
14. Cartes Postales
aériennes la carrière de
Moissey au long du temps (en attente
d'autorisations)
|
|
|
les Moisseyais
|
|
Christel Poirrier
|
|
Christel Poirrier
|
|
Christel Poirrier
|
|
Serre Vivante
|
|
Foyer rural Moissey
|
|
Foyer rural Moissey
|
|
Le Progrès, 2009
|
|
Jean-Marcel Téliet,
1942
|
|
|
25. Le parcours d'un gravier
depuis le front de taille de Moissey
jusqu'au revêtement routier.
(attente d'un gravillon
candidat)
|
Christel Poirrier, 2010
|
|
|
|
|
|
|
|