au village de moissey, encore un vrai conte de fée

l'appropriation de l'espace

page de Pierre Gillet, inspirée par l'encagement de 1992

empruntée à http://perso.wanadoo.fr/serre-vivante/chasse/chasse.htm

pour des encouragements: mairiemoissey@wanadoo.fr

l'appropriation de l'espace

 

L'installation d'un parc de chasse de cent hectares dans la Forêt de la Serre a provoqué une vive émotion chez les usagers habituels du massif forestier, chasseurs, promeneurs ; sans doute gênera-t-elle aussi les scientifiques attachés à son étude, comme elle a choqué ceux qui aiment la nature et l'espace et ceux pour qui le libre parcours de nos bois constitue un acquis coutumier traditionnel.

Cette émotion, on n'a voulu y voir que réaction épidermique et passagère à une intrusion extérieure : il est vrai que l'argument avancé par les nouveaux propriétaires, de la parfaite légalité de l'opération, masque mal le catimini dans lequel se sont déroulées les procédures obligatoires et le surgissement soudain et silencieux d'une clôture de quatre kilomètres, a pu alors être ressenti comme un coup de force, voire une provocation.

Mais il y a plus profond. Pour qui désire vraiment comprendre, cette émotion est un symptôme: elle manifeste un problème de fond que l'on a tout intérêt, pour la paix sociale, à examiner. Il suffit d'observer.

Que voit-on ? La mauvaise qualité de l'urbanisation, l'extension des banlieues, l'agriculture intensive et uniforme et, de plus en plus, les friches industrielles et leur corollaire, la dévastation des paysages, tout cela fait que l'espace libre et beau devient une rareté : donc, nous diront les économistes, ce qui est rare tend à devenir un bien et matière d'un marché, comme objet de désir et d'appropriation. Qui dit marché dit offre et demande, argent et monnaie. Plus l'espace devient rare, plus on veut se l'approprier et le dernier mot revient au plus offrant.

Les endroits épargnés, encore verts et libres, risquent ainsi de devenir la proie de ceux qui se seront enrichis ailleurs et voudront retrouver là ce qu'ils auront contribué à détruire en d'autres lieux. On risque de voir proliférer grillages et clôtures, murs et panneaux d'interdiction, gardiens et patrouilles chargés d'en garantir l'intégrité. Qui d'entre nous ne peut compter dans son environnement proche, qui un parc grillagé, qui un enclos, qui des panneaux d'interdiction entravant la libre circulation traditionnelle, pratiquée il n'y a pas si longtemps.

La libre disposition de l'espace devient un luxe dont l'argent donnera à certains le droit d'user et d'abuser en en frustrant les autres. Le droit de l'argent contre la liberté de circulation ? On a pourtant coutume de dire qu'une liberté s'arrête ou commence celle des autres.

 On objectera le droit de propriété.

 Le droit est un principe, on l'a voulu sans limites. Droit d'user et d'abuser. Dans la pratique, ce droit reçoit de multiples atténuations : droits de passage dans une propriété, par exemple. Quand il s'agit de construire une centrale, de faire passer un T.G.V. ou une autoroute, le droit de propriété privée cède devant ce que l'on considère comme l'intérêt général.

Est-ce dans l'intérêt général que progressivement, lot après lot, l'espace rural et forestier soit accaparé par quelques-uns qui en interdisent l'usage aux autres pour le réserver à leur plaisir solitaire ?

Parcs de chasse, terrains de golf, hôtels de luxe et plages privées, on s'aperçoit, en d'autres lieux et pas loin de chez nous, que des sectes 1 s'installent, qu'elles achètent terres et maisons alentours et que, peu à peu, elles en viennent à les réserver à leurs membres; elles sont en mesure de faire pression sur les municipalités et, de toutes façons, elles font monter les prix des terres et bâtiments, proches et moins proches.

Qu'il s'agisse d'une secte se recommandant d'une vague religiosité ou d'une secte de chasseurs exclusifs, le phénomène est le même.

Le libre accès à l'espace risque de devenir, va devenir, un point de tension sociale fort. En ce sens, le mince problème de la forêt de la Serre devient bien le symptôme de cette dérive duelle de notre société. L'appropriation et la clôture de cent hectares de la Serre font partie de ce redoutable développement qui nous conduit à une société à deux vitesses. Or, une société à deux vitesses est difficilement supportable.

Nous avons tout intérêt à mettre des limites à cette appropriation sauvage. En attendant qu'une législation plus adaptée, plus réaliste le permette, et c'est urgent, si l'on veut éviter des actions désespérées où certains ne veulent voir que vandalisme, il nous faut être vigilants pour éviter au minimum que cette emprise d'un petit nombre de riches ne s'étende encore sur l'espace commun, et au mieux pour la faire reculer là où elle est devenue abusive.

 Commençons par nous poser une bonne question

 le "droit" d'appropriation, quand il s'exerce sur des biens aussi élémentaires que l'espace, l'air et l'eau, loin d'avoir à être défendu, ne serait pas devenu agressif vis à vis de la société dans son ensemble et n'est pas déjà entré dans la voie de l'excès ?

 

Pierre Gillet, membre du CA de Serre Vivante

la parcelle encagée représente les 9/10e de l'ensemble. Le dessinateur a fait des fils de fer barbelés (raison obsessionnelle), mais il y a seulement 4 km de grillage inoffensif pour protéger les sangliers. Croquis©ChristelP-2005 d'après le plan cadastral communal, feuille AC.

moissey.com

menu noir: autres pages sur le Massif Forestier de la Serre

1. petite histoire des bois Matherot, au jour le jour, par Christel Poirrier

2. l'incarcération des bois Matherot ou comment faire dans l'élégance quand on a du goût, (Christel Poirrier)

3. l'engrillachement des bois Matherot, coupures de presse de 1992, envoi de Serre Vivante

4. les bois Matherot, le point en juillet 2005, par Pascal Blain, président de Serre Vivante

5. L'encagement des bois Matherot, le droit de préemption des SAFER, transmis par Pascal Blain

6. Serre Vivante, ses pompes et ses oeuvres, l'AG de novembre 1998, par Brigitte Laffage

7. La Charte de l'Environnement, par Emmanuel Riat

8. Natura 2000, grandeur et servitude (en cours)

9. serre-info n°1, bulletin spécial de Serre Vivante, 15 août 2005, "la mise en bouche"

10. serre-info n°2, bulletin spécial de Serre Vivante, "l'appel de la forêt"

11. Clôtures, Enclos, grillages, "rouvrir la nature", de bonnes infos sur le web

12. l'appropriation de l'espace, par Pierre Gillet

13. serre-info n°3, du 29 août 2005, "l'éloge de la clarté"

14. extraits de la presse écrite, 25 et 27 août 2005

15. la vente des Bois Matherot, que des rumeurs

16. la vente des Bois Matherot: les quatre candidatures examinées par la Safer

17. serre-info n°4, du 5 septembre 2005, "le marathon"

18. l'arkose sur le massif de la Serre

19. achat des bois Matherot, le positionnement des communes du Sivom de la Serre

20. serre-info n°5, du 10 septembre 2005, "les communes se durcissent"

21. serre-info n°6, du 18 sept 2005, "élargissement aux communes non-sivom et arrivée de Hubert Reeves"

22. serre-info n°7, du 23 sept 2005, 153 signatures et signataires et bonnes nouvelles

23. le Serrement de la Croix Boyon, le 2 octobre 2005, dès 12 h et 200 signatures

24. serre-info n°8, du 30 sept 2005, juste avant le 2 octobre 2005

25. Dossier de Presse (en cours)

26. Serre Vivante et son Université d'Octobre, à la Croix Boyon le 2 octobre 2005, de 12 à 17 h

27. les différents aspects du projet d'acquisitation des Bois Matherot

28. les chiroptères (chauves-souris) du massif de la Serre

29. serre-info n°9, du 14 octobre 2005, après le rassemblement de la Croix Boyon et 280 signatures
site de Serre Vivante
30. serre-info n°10, le parc de chasse n'est plus à vendre

31. on vous écrasera comme des merdres, [mais pas ce coup-ci]
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