le congé de la belle
                  tuilerie
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                  Le temps du rêve et
                     des constructions mentales
                     s'achève.
                     
                     Le jour où on ne voyait que quelques
                     soles prometteuses ou pas, où on disait
                     qu'on ferait des fouilles destructives,
                     où personne ne savait exactement ce que
                     recouvraient tous ces mots, "soles" et
                     "destructives", ce jour-là est maintenant
                     bien loin de nous.
                     
                     Depuis la mi-août, les fours tuiliers
                     ont jailli de la terre, avec ostentation et
                     même arrogance. C'était
                     Psyché toute entière qui vous
                     sautait aux yeux, et cependant, le discours de
                     l'archéologie officielle n'a pas
                     changé. Disons, ce discours ne s'est pas
                     adapté au paysage sans cesse
                     renouvelé de l'été
                     2001.
                     
                     On fera des fouilles destructives, comme
                     convenu il y a environ 12 mois, comme convenu et
                     aussi comme tel est le travail de
                     l'archéologue, qui n'a jamais
                     consisté à s'arrêter pile
                     à la naissance de Jésus Christ ou
                     d'un autre. Le travail de l'archéologue
                     est exhaustif s'il le peut, et si on lui fait
                     briller quelque éclat du Big-Bang,
                     l'archéologue institutionnel est partant,
                     il en a fait le serment à un cousin
                     d'Hippocrate, et plus, c'est sur cette
                     lumière au fond des temps qu'il a
                     bâti son église. Qu'il en soit
                     d'abord loué et ensuite
                     remercié.
                     
                     
                     
                      
                     
                     
                     
                     D'un autre côté, ce canton de
                     Montmirey-le-Château, dont on a dit qu'il
                     était au carrefour de l'Europe, est en
                     train de rendre l'âme, doucement et
                     longuement, il est devenu dortoir, il a
                     abdiqué pratiquement son attachante
                     ruralité, il est maintenant la terre
                     réservée de nombreux
                     retraités et de laborieux qui
                     fréquentent les métropoles
                     voisines en n'oubliant pas de se lever à
                     5 heures du matin. Il voudrait devenir
                     résidentiel et comment fera-t-il pour
                     devenir culturel... Ce canton qui tourne tout
                     autant le dos à son passé
                     qu'à son avenir est moribond. On lui
                     chercherait une belle place au
                     cimetière.
                     
                     Sa réalité historique ne
                     semble guère concerner du monde, tant
                     à la base qu'au sommet de ses
                     hiérarchies. Entre sa romanité et
                     sa médiévalité, sans
                     omettre sa néolithicité, il aurait
                     pourtant de quoi sortir sa tête des
                     flots... Au lieu de quoi, il va de kermesse en
                     vide-greniers, de concours de quilles en merguez
                     du samedi soir, et il va, content-de-lui, pour
                     peu que l'assiette de ses impôts ne sorte
                     pas de son assiette.
                     
                      
                     
                      
                     
                     
                     
                     Entre devenir Terre d'Histoire ou terre
                     d'histoires, va-t-il enfin choisir? 
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                  Christel Poirrier, le 30 septembre
                  2001
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