canton de Montmirey-le-Château: le XXe siècle des eaux sauvages et domptées

sur la commune de Monmirey-le-Château

la source captée de la Goulotte

au profit du lavoir de la Goulotte

explications de Charles Vuillemin

8 images numériques de Christel Poirrier avec l'aide de Jean Michaud et Jean Chenillot, le 22 août 2003.

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 Vendredi 22 août 2003.

 

Il était 11 h quand Jean Michaud m'a proposé de venir avec un comparse. Il s'agirait de Jean Chenillot, le frère de Marcel, enfin bref, un Chenillot que je ne connais pas. Donc ça me ferait deux gens de Brans au lieu d'un. Je n'ai pas osé lui dire que il ne s'agissait pas d'une visite guidée, mais de faire des photos, prendre des mesures, au moins, repérer les appareillages etc...

A 14 h, Jean Michaud arrivait dans une 2 CV camionnette du siècle dernier, suivi peu après par Jean Chenillot, fontainier cantonal, que je connais... depuis une trentaine d'années!

Nous avons pris le temps de nous équiper, de nous brancher sur la grange de Charles Vuillemin, puis j'ai laissé les deux Brantais passer devant. Jean Chenillot connaissait bien les lieux, puisque son métier l'avait amené à travailler sur cette portion d'aqueduc.

Aux deux angles importants du conduit, j'ai posé deux lampes de chez camping-gaz, puis Jean Michaud a installé son hallogène au bord du bassin de source. C'était une féerie, c'était le Parthénon éclairé par le dessous, c'est là que nous avons fait nos plus belles images.

Ensuite, nous nous sommes déplacés à la reculons et avons photographié tous les segments l'un après l'autre (seul le segment d'entrée a été photographié à contre sens, c'est-à-dire en allant vers la sortie). Jean Michaud véhiculait les éclairages et mesurait les longueurs, pendant que Jean Chenillot m'assistait pour écrire sur mon carnet; il avait apporté avec lui deux projecteurs autonomes, mais dont les lumières étaient trop concentrées (faisceau en pinceau) pour arroser tout le champ photographique.

Il a fallu mesurer les longueurs et aussi les angles: j'avais fait un compas géant avec deux lattes, boulonnées avec un écrou à oreilles, et j'avais emprunté le gros rapporteur jaune de l'école de Moissey. Les angles ont été mesurés au degré près (et d'une manière collégiale) et les longueurs au cm près, grâce à Jean Michaud qui est encore plus maniaque que moi.

Nous avons mesuré la paroi Sud du conduit, celle qu'on a à sa droite quand au va, et sa gauche quand on revient: (je dis, quand on va tout droit, qu'on est à 180 degrés)

la longueur du puisard est de 280 cm, puis après un décrochement de 15 cm, le segment de conduit mesure 90 cm, puis angle à gauche de 175 degrés (disons 180-5), puis un segment de 400 cm et angle à droite de 160 (ou 180-20), puis une ligne droite de 551 cm, puis un angle à gauche de 140 (180-40), puis une ligne droite très longue de 940 cm pour arriver au coude initial, fait d'un petite chambre pentagonale dont les deux côtés de 126 et 135 forment un angle de 125 degrés. Cette chambre contient la ventouse, c'est-à-dire, comme l'a expliqué Jean Chenillot: soupape automatique pour chasser l'air, car nous sommes sur un point haut de la conduite, à rapprocher des robinets de vidange sur les points bas.

La dernière ligne droite mesure 375 cm pour arriver au trou d'homme, au bord d'une dalle qui n'en est pas une, mais une plaque de cheminée où Jean Michaud s'est mis deux fois le front dedans. Il a ainsi examiné la coupable pour constater qu'elle remontait à l'Empire.

Après le trou d'homme, une section qui continuerait sur l'extérieur, mais qui est murée, à trois mètres de là.

Au cours de toutes ces mesures, Jean Chenillot avait connecté notre deuxième hallogène, afin qu'on se croie sur les Champs-Elysées.

Vers 15 h 30, nous avions terminé, et même photographié les deux cheminées d'aération, l'une sur la chambre pentagonale, l'autre, bien plus haute, je ne sais plus où, sûrement au bout de conduit de 940.

Vers 15 h 31, avec la boussole de Jean M, j'ai retrouvé le méridien nord-sud qui passe à 90 degrés du boyau d'accès, à deux trois degrés près.

J'ai oublié de sortir mon thermomètre, mais Jean M m'a dit qu'on était entre 14 et 16 degrés (Celsius, cette fois).

Nous avons aussi omis de faire des mesures de déclivité, je ne m'en sentais pas le courage, mais, il faudrait bien, un jour...

Sans mes deux camarades, j'aurais mis au moins le double de temps pour mes travaux, et l'arrivée inopinée de Jean Chenillot nous a apporté une aide de premier plan.

Rentré à Moissey, j'ai trouvé un rapporteur, dessiné mon affaire sur une feuille A4 où l'ensemble tient à peine à l'échelle 1/100.

A en croire la paroi Sud de l'aqueduc, du trou d'homme à l'extrémité (Est) du bassin de captage, le boyau mesure 28,87 m. En mesurant la paroi Nord, on pourrait trouver 7 ou 8 cm de moins. environ.

 

L'heure des hypothèse sonne.

Pourquoi ce tracé en "z" de l'eau de la Goulotte, de sa naissance jusqu'à l'immeuble Vuillemin ? Cette Goulotte ne serait-elle pas la source fondatrice du Château de l'agglomération qui l'entoure ?

L'eau sourd d'une petite falaise: est-ce qu'elle empruntait ce curieux canyon sur 30 m depuis longtemps ? Est-ce qu'on a maçonné le long de parois calcaires ? Est-ce qu'on a profité du chantier de Melay pour construire ce conduit d'une façon bien voisine ? Est-ce qu'on a travaillé à ciel ouvert ou est-ce que ce conduit était déjà à l'état de tunnel avant les pierres de soutènement et de garniture ?

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