village de moissey

le chantier de jeunesse de Crotenay, Jura

Jehan de Vienne

images ©collectionneur privé à Crotenay (Jura)

par Christel Poirrier

voir aussi dans le menu guerres, celle de 39-45

d'autres pages sur les chantiers de jeunesse de Crotenay
Histoire des Chantiers de Jeunesse, par Jean-Louis Philippart, images de Pierre Marchionini
Le Chantier de Jeunesse de Crotenay, Jehan de Vienne, par Christel Poirrier
le mémoire de Jean-Pierre Chauville, Crotenay, 2011
d'autres belles images du chantier de jeunesse de Crotenay, 2014

1941

Chantier de Jeunesse à Crotenay, Jura ©Collection particulière

Le Chantier de Jeunesse de Crotenay, Jehan de Vienne

 

période  1940-1942

 

Le témoin qui m'a renseigné est né en 1929 à Crotenay, Jura, sur le plateau de Champagnole, village à la fois au bord de l'Ain et à proximité de vastes forêts. Crotenay était en zone libre (voir la carte) et Champagnole (à 8 km) était en zone occupée, la ligne de démarcation, c'était la petite rivière, l'Angillon.

Le 30 Juillet 1940, le Maréchal Pétain nomme par décret le général Joseph de la Porte du Theil commissaire général chargé du regroupement des jeunes démobilisés des contingents 39/3 et 40/1.

La France Libre est divisée en 5 provinces, chacune sous l'autorité d'un commissaire en chef, dont l'une "Province Alpes-Jura" contient le Jura donc Crotenay.

Le site de Crotenay accueillera un des 40 groupements métropolitains destinés à accueillir des jeunes qui auraient été environ 3000, sous le nom de Groupement Camp de Jeunesse n°2 Jehan de Vienne, nom d'un célèbre amiral né à Mirebel. La plupart des baraquements ont été construits sur le modèle Adrian, ingénieur militaire déjà illustre en 1915.

Comme habitant du village et écolier de l'école primaire, notre témoin a vécu l'événement de très près.

 

"Crotenay était le site principal, mais d'autres unités, qui en dépendaient, étaient installées alentour, à Molain, Besain, Montrond et Pont du Navoy (infirmerie), Le Fied etc... L'administration de l'ensemble siégeait à Crotenay, dans un baraquement, près de notre école. A la récréation, nous allions rôder autour de ce bâtiment et des cuisines, il y avait des fûts de 200 l qui contenaient encore un peu de crème de marron qui faisait nos délices.

Dans notre village, il pouvait bien y avoir une cinquantaine de bâtiments. Mon père et mon oncle ont construit deux bâtiments en briques. Les autres étaient des constructions en bois montés sur une assise en béton (modèle Adrian).

Je pense que Crotenay a été choisi parce qu'il offrait à la fois la proximité de la rivière (l'Ain) et une forêt particulièrement bien fournie. A l'origine, ces camps devaient servir d'alternative au service militaire et devaient former les jeunes au civisme, au travail, au sport. Ils n'avaient évidemment pas été conçus pour alimenter la résistance, et dès que ces chantiers ont été fermés le 11 novembre 1942, au moment où l'occupant a envahi la zone libre la destinée des jeunes ne devint rien d'autre que le STO (Service du Travail Obligatoire). Naturellement, ça n'a pas plu à tout le monde et un certains nombre d'individus ont rejoint les maquis qu'ils ont pu.

Le directeur du camp de Crotenay, le commandant Aluan Henri de Fumichon a été déporté, ce qui montre bien que l'Armée d'occupation avait bien, elle aussi, une idée de ce à quoi pouvait servir ces chantiers.

Les jeunes avaient comme obligation principale d'exploiter la forêt pour son bois de chauffage et des activités sportives: il y avait un terrain de sports sur lequel les jeunes jouaient au foot.

Ils étaient habillés en vert-clair, avec des bérets. Ils ne paradaient pas et ne manoeuvraient pas, mais le soir, ils apportaient une belle animation dans le village, d'ailleurs une vingtaine d'entre eux ont fait connaissance avec l'habitant et ont plus tard épousé des filles du village.

Les baraquements étaient bien équipés, électricité avec des groupes électrogènes, pompes électriques pour l'adduction d'eau.

Ma mère et ma tante faisaient quelques lessives pour les jeunes qui étaient plus fortunés que les autres.

 

En 1944, en septembre, certaines baraques ont servi à emprisonner une centaines de personnes accusées de collaboration ou bienveillance avec l'occupant.

En 1945, les bâtiments ont été loués par les Faucons Rouges, groupe de communistes (1).

L'emplacement des baraquements a été, plus tard, occupé par les maisons Pernot, Ayel puis une colonie de vacances de Châtillon-Commentry.

 

le massacre du 5 août 1944.

 

Le 5 août 1944, comme je venais de m'embaucher à la scierie Pouillard j'avais 15 ans, mais je faisais plus grand que mon âge, j'ai été pris dans une rafle qui s'était dirigée sur la scierie. Il faut dire que des maquisards empruntaient le camion de la scierie, la nuit, pour faire des sabotages et le rapportaient le lendemain matin, au tout petit jour. Nous nous sommes retrouvés une cinquantaine, le long d'un mur, pendant quatre heures, les mains en l'air. Pour finir, les Allemands ont brûlé 4 maisons, ont fusillé 4 personnes et en ont déporté 2.

On ne peut pas imaginer ce que c'était, il faut y être passé.

 

Moissey, avril 2005.

1941

Chantier de Jeunesse à Crotenay, Jura ©Image Collection particulière

1941

Chantier de Jeunesse à Crotenay, Jura ©Image Collection particulière

1941

Chantier de Jeunesse à Crotenay, Jura ©Image Collection particulière

1941

Chantier de Jeunesse à Crotenay, Jura ©Image Collection particulière

1941

1941, devant le baraquement de direction. Chantier de Jeunesse à Crotenay, Jura ©Image Collection particulière

1940

Carte aimablement empruntée à www.hist-geo.com

©IGN-France

(1) à propos des faucons rouges, par Robert Léopold

 

Bonjour,

 

Je prends connaissance avec intérêt de votre page

 

http://www.moissey.com/ChanJeu2.htm

 

Je note une erreur (fréquente et due aux associations d'idées automatiques liées à la couleur "rouge") dans le paragraphe  :

 

"En 1944, en septembre, certaines baraques ont servi à emprisonner une centaine de personnes accusées de collaboration ou bienveillance avec l'occupant.

 En 1945, les bâtiments ont été loués par les Faucons Rouges, groupe de communistes."

 

a) Les Faucons rouges n'étaient pas communistes, bien au contraire !

 

b) Les Faucons rouges n'étaient pas un mouvement politique.

 

c) Les Faucons rouges étaient un  mouvement d'éducation nouvelle lié au mouvement ouvrier dans sa composante socialiste. Crée en 1932 en France, mouvement d'enfance et de jeunesse mixte, il s'appelait aussi le Mouvement de l'Enfance Ouvrière.

 

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez trouver d'autres éléments historiques sur le site :

 

http://www.fauconsrouges.org


 

Je serai intéressé par toutes informations, même lacunaires, dont vous pourriez disposer sur cette utilisation des locaux de Crotenay.

 

J'ai noté qu'une colonie de vacances de Chatillon-Commentry y a séjourné. En quelle(s) année(s) ? 

 

Les Faucons Rouges avaient des liens avec la Mairie de Commentry ( "première municipalité socialiste du monde", en juin 1882,) et en 1959 j'ai participé à Commentry à un stage de formation des Aides (cadres du mouvement de jeunesse).

 
 

En ce qui concerne le Jura, les Faucons rouges ont tenu un camp international ("Une République d'enfants") en 1934 à Saint-Claude.

 

Enfin, j'ai été particulièrement intéressé par la découverte de votre site et sa richesse de centres d'intérêts. Je suppose que vous êtes enseignant, "Maître ou maîtresse d'école"…

 

Pour avoir une idée du site, je l'ai aspiré puis catalogué et ai parcouru les milliers de photos. C'est vraiment très intéressant comme "mémoire collective partagée". (J'ai eu quelques soucis avec les liens qui semblent être fréquemment rompus).

 

Accessoirement, le fait que vous utilisiez des Mac est un élément de sympathie supplémentaire (dans les années 80-90 j'ai équipé toutes les écoles de ma commune de Mac et en 2007, cela continue).

 

Bien cordialement,

robert leopold, ,webmestre de :

 

http://www.lamaisondesevres.org

http://www.fauconsrouges.org

o

voir aussi dans le menu guerres, celle de 39-45

d'autres pages sur les chantiers de jeunesse de Crotenay
Histoire des Chantiers de Jeunesse, par Jean-Louis Philippart, images de Pierre Marchionini
Le Chantier de Jeunesse de Crotenay, Jehan de Vienne, par Christel Poirrier
le mémoire de Jean-Pierre Chauville, Crotenay, 2011
d'autres belles images du chantier de jeunesse de Crotenay, 2014

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