village de moissey et massif de la Serre

mon grand-père, meulier à moissey

souvenirs de fernande colin

née Forestier en 1912, retraitée de la coiffure (1933-1973), à Dole.

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 Fernande Colin est née à la Bedugue, à Dole, Jura, le 15 janvier 1912...

...de son père, Monsieur et de sa mère Madame et de ses grands-parents maternels, les époux Valot qui demeuraient à Moissey.

Elle est venue chez ses grands-parents, en vacances ou en visite autour des années 1917-1918, d'abord à la Craie, la deuxième maison en montant à gauche (vendue à Aimé Aupy), puis enfin à la maison Donard, celle qui touche le moulin de la départementale 475.

Elle a fréquenté ce village jusqu'en 1922, date du décès de sa grand-mère. Elle empruntait régulièrement le Tacot, sauf les fois (rares ?) où elle venait de Dole dans la carriole en osier de Madame Bon, connue par tous sous le nom de "la Cossote".

 

"J'avais 6 ans, elle en avait 50. Elle faisait le commerce des oeufs, du beurre et du fromage, qu'elle ramassait dans les villages pour les négocier au marché de Dole.

A la gare de Moissey, il y avait les Béjean avec leur scierie à vapeur, le chef de train s'appelait M. Martin. Je connaissais un menuisier qui s'appelait Guillaume (ndlr : Marcel, le père d'André et grand-père de Bernard, vraisemblablement)

Ma grand-mère Isabelle Valot, était née Sireguy. Ma grand-mère avait deux frères Sireguy, l'un s'appelait Napoléon et avait des jambes si longues que ses pieds se touchaient sous le cheval.

Isabelle Valot est morte chez nous, en 1922, et ainsi, je ne suis plus allée à Moissey. Ma grand-mère ne manquait de rien, elle faisait la cuisine dans des grands repas et avait aussi une vigne de noa près du puits Baudry.

Mon grand-père était meulier. Il y allait tous les jours (sud de Moissey, dans les bois de Frasne) Il avait une petite chienne qui le prévenait contre les vipères. Il partait le matin et revenait le soir, c'est ma grand-mère qui lui préparait sa musette.

Il était "artisan" (ndlr: Fernande veut dire artisan à son compte et non pas l'employé d'un autre) et je me rappelle qu'il avait un cachet (un tampon) qui représentait une meule.

Il avait un porte-plume en verre avec une plume en verre tourné qu'il trempait dans l'encre.

Ils étaient plusieurs à travailler chacun pour soi, et en cas de besoin, ils se mettaient à plusieurs.

Quand nous étions à la Craie, je m'amusais avec Virgile Ruisseaux, qui habitait contre l'abreuvoir de la Rue Haute.

Oui, je suis allée voir ces carrières. Mes grands-parents étaient aisés, mais c'était du travail.

Pendant les vacances, je restais plusieurs jours. J'aimais beaucoup venir à Moissey. J'adorais en particulier dormir sur un matelas en feuilles de maïs et j'adorais aussi les sardines. On mangeait de la soupe, des pommes de terre, mais ma grand-mère savait que pour me faire plaisir, elle n'avait qu'à m'acheter des sardines à l'épicerie Henry, place de la grande Fontaine, à côté de chez Charles Grebot, le coiffeur.

Charles Grebot avait été coiffeur dans la rue de la Paix, à Dole, dans un café qui faisait coiffeur. Bernadette Grebot est venue en apprentissage chez nous.


les pigeons voyageurs

Ceux que vous appelez les Joyeux, ces prisonniers-carriers qui travaillaient dans les Gorges voisines, nous les appelions les "Pigeons Voyageurs". Nous en avions peur. Ils avaient des calots ronds avec une bordure un peu bordeaux et étaient tous habillés pareils. On les voyait passer, (sur l'embranchement particulier qui était une branche du réseau métrique pour aller jusqu'à la carrière de mauvaise eurite) sur un drôle de véhicule à bras et sur les rails. Ils étaient bien une douzaine, tous assis au bord, les jambes pendantes pendant que deux autres "pompaient" pour faire aller. Ils devaient faire la navette entre le chantier et la gare, préparer les wagons pour les expédier dans le Nord-Est.


Je fréquentais l'église avec ma grand-mère, c'est-à-dire chaque fois qu'elle y allait pendant que j'étais chez elle, je l'accompagnais. Je ne me rappelle pas le nom du curé, j'étais trop petite, j'avais 6 ou 7 ans. Mais le plus beau, c'étaient les missions. C'était magnifique, les curés étaient jeunes et les filles nombreuses (nombreuses autour...)

Le meilleur souvenir que je garde de Moissey, c'est ma grand-mère. Elle avait un coussin en couronne, en paille et recouvert de tissu qu'elle mettait sur sa tête pour porter tout ce qui était lourd, corbeilles de linge, fagots de sarments de sa vigne.

Lorsque ma grand-mère est morte, mes parents ont récupéré un temps la vigne, c'était un certain Monsieur Bralet qui s'en occupait (sa soeur s'appelait Hélène et son fils Marc).

La laiterie était dans le virage, c'était le plaisir des filles, et moi, petite, je suivais la bande.

Ma grand-mère gagnait 2,50 F par jour. On allait au pain chez la Jeanne (escaliers ouest de l'église) et elle cochait (entaillait) les deux barres de bois en même temps, la sienne et la nôtre.

Mon père a connu ma mère car il faisait la diligence à chevaux, enfin, la poste, entre Dole et Pesmes. Un jour la diligence, à Dole, était pleine alors le cocher a dit à une jeune fille, "montez vous asseoir à côté de moi". Le cocher, c'était mon père et la jeune fille, ma mère.

J'ai bien entendu parler de la grande salle de danse "Ardin", place de la Fontaine. Mon gendre M. Douaire, 69 ans, s'y est souvent rendu en tant que accordéonniste, quand il y avait des bals, des noces etc...

propos recueillis par Christel Poirrier, à Dole, au foyer du Val d'Amour, le 20 janvier 2001

Fernande la petite blonde, sa soeur Suzanne, son frère et sa maman. Cette photo a été faite en 1916, pour envoyer au papa sur le front.

Fernande Forestier en 1923, à Dole-Bedugue.

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