Rolande Barbier est née le
25 juillet 1920 à Moissey
[décédée à Saint
Apollinaire en 2015]
- de son père Marcel
Barbier (né le
à Moissey, et
décédé en
à
Moissey) et
- de sa mère Suzanne Thomas (née
en 1896 à Château Neuf, et
décédée en 1985 à
Moissey),
mariés en août 1919 à Moissey,
sous le mandat de Louis Viénot maire et du
curé Faustin Tournier.
(Suzanne est la sur de Marcel, Roland et Yvonne
Thomas).
Raymonde est l'aînée d'une famille de 2
enfants :
- Raymonde, et
- Robert né en 1922.
Raymonde est allée à l'école du
village auprès de Mlle Marie-Justine Digrado dans
l'école des petits AB 436, au rez de
chaussée, puis chez Monsieur Poussot, successeur
d'Edmond Guinchard, dans l'immeuble "Mairie AB 191" et
enfin chez M. Mourin. Elle a passé son certificat
et elle retournée dans sa famille participer au
train de culture de ses parents.
Après la guerre, elle rencontre M. René
Petiot (1923-1986), gendarme auxiliaire à Moissey,
au cinéma, qui avait lieu exactement à la
place de la boulangerie d'aujourd'hui, au rez de
chaussée (AB 71).
Ils se marieront le 2 mars 1946, à Moissey,
devant le maire André Ardin et le curé Paul
Grandvaux. La visite médicale prénuptiale
s'est faite chez le Docteur Claude Simeray, dans la rue
basse (AB 50).
Exceptée la période de l'Indochine
(1947-1949), Raymonde suivra son mari dans ses
différentes affectations, Mont-sous-Vaudrey,
Pontailler-sur-Saône, et enfin Dijon.
Ils auront 5 enfants,
- Arlette en février
1947 (mère d'un garçon),
- Jean-Pierre en juillet 1950 (père d'un
garçon),
- Gérard, en juin 1951 (père de 2
filles),
- Patrick en mars 1955,
- Pascal en
La
déclaration de guerre de
1939.
J'ai un souvenir
précis de cet événement, car mon
père, Marcel Barbier qui conduisait la voiture de
M. Paul Masson a été
réquisitionné pour aller, avec les
gendarmes prévenir dans les pays
voisins.
L'exode de juin
1940.
En juin 1940, nous avons fui
comme bien des gens. J'ai fait partie du "Convoi Thomas".
Il y avait bien les 2 surs Odille, puisque je
revois encore Marcelle avec la petite Eliette qui avait 4
ou 5 mois. On s'était arrêtés dans un
pays pour faire chauffer les biberons, chez le maire de
ce village dont j'ai oublié le nom. Il y avait
aussi Anna [Désandes] et sa fille
Marie-Thérèse. On n'a pas eu peur, moi, je
n'avais pas de mari, pas d'enfants, le souci
n'était pas le même que pour les autres
gens.
Quand on est rentrés,
à Moissey, c'était déjà le
couvre-feu, il a fallu que nous dormions tous dans la
grange du Moulin, celle de Lulu Thomas (AB 324). C'est
Ernest Odille qui était maire à ce moment.
J'ai gardé un bon souvenir de ce
voyage.
L'occupation.
Là, ce n'était
plus la même chose. Nous avons eu peur
continuellement. Les Allemands logeaient à
côté, dans la propriété de
Paul Masson (AB 175).
Il fallait se démener
pour trouver de la viande, du café. Pour la
viande, on allait jusqu'à Montmirey-la-Ville chez
le boucher Buisson. Ici, on avait pour les tickets. Pour
le café, comme nous n'en avions pas, nous faisions
griller de l'orge, à la place.
Le
théâtre au profit des
prisonniers.
Les filles faisaient du
théâtre, à la rue basse, dans la
maison qu'on a appelée paroissiale et qui a
été vendue aux parents Raposo (AB 91).
C'était pour envoyer des colis aux prisonniers. Il
y avait, encadrées par le Curé Paul
Grandvaux et Mlle Ida, Raymonde Miroudot, Germaine Briet,
Madeleine Thomas, Christiane Verrier (la sur de
Bernard), Nadette Grebot, Odette Collieux. Paul
Grandvaux, il a fait beaucoup de choses. Sa bonne, Ida
Breuil, a rencontré un infirmier
réfugié. Il était à Montmirey
et il venait faire les piqûres. Ils allaient
ensemble chez les gens, c'est comme ça qu'ils se
sont rencontrés. Ensuite, ils se sont
épousés. Ils ont eu deux
enfants.
La
libération.
- Un jour, en septembre
1944, on était chez nous. Ils sont arrivés
avec des camions, ils étaient prêts à
tout. Ils ont tué deux FFI en haut de Moissey, on
a vu la grange brûler, alors on s'est
bouclés.
- Le samedi 9 septembre
1944, les Allemands sont allés jusqu'à
Jouhe massacrer un groupe de 22 jeunes. Quand ils sont
arrivés ici, avec un camion, ils avaient des
drapeaux qu'ils avaient pris aux gens de Jouhe, et il y
avait un homme déposé sur le tas à
ordures, en face, de l'autre côté de la
route, sans vie. Le soir, ils ont décampé
et après leur départ, l'homme est redevenu
vivant. Il avait fait le mort tout ce temps pour
échapper aux Allemands. Le soir, c'est le
curé Paul Grandvaux qui est venu le chercher. Je
ne sais pas ce qu'il est devenu, mais ce qui est
sûr, c'est qu'il était
vivant.
- L'enterrement des deux
FFI. Quand ils sont morts, c'est M. le Curé qui
les a emmenés à la cure. On a
dépavoisé partout, car on croyait que
c'était la fin, mais pas encore. Pendant la
cérémonie à l'église,
c'était l'angoisse générale. Tout le
monde avait peur. Mais il ne s'est rien
passé.
Je me demande si c'est pas
leurs copains qui les ont portés au
cimetière. On les a mis dans le caveau de Marcel
Téliet, en attendant.
La Gare et le Tacot.
J'ai connu le chef de gare, il s'appelait Louis
Viénot. Il habitait en face de chez nous. Il
vivait avec sa sur et son beau-frère, qui
s'appelait Pasteur. C'est peut-être bien lui qui
était Maire avant. Le dimanche, les filles
allaient se promener, toujours du côté de la
Gare, car il y avait un train le dimanche, on allait voir
pour voir, qui descendait, Louis Viénot a
été chef de Gare au moins de 1925 à
1933. Il venait chez nous le soir, il m'a appris à
jouer aux dames.
Il était bricoleur et il avait son atelier
là où il y a ma barrière, sur la
route. Mais c'est aujourd'hui démoli (AB
175).
J'ai pris le Tacot de nombreuses fois. Ma
grand-mère de Château Neuf allait souvent
à Authume voir sa fille Yvonne (ma tante,
épouse Clerget) et elle m'y emmenait. Du Tacot, je
garde de bons souvenirs. On allait à Dole les
jours de marché, le jeudi, on n'avait pas peur, ni
des gens, ni du train.
On disait qu'à Moissey, il y avait tout ce
qu'il fallait, car ce que nous n'avions pas,
c'était Madame Bon, la Cossotte, qui nous le
ramenait. Elle emmenait des ufs du beurre et elle
ramenait nos commissions, notre pharmacie.
A Offlanges, c'était pareil, c'était
Madame Bralet qui assurait le même
service.
Le lavoir des Gorges.
Ce lavoir, je le connais, pas pour y avoir
lavé, car nous avions notre lavoir aux Prés
d'Amont (AB 99), mais comme nous avions une vigne
à Roche, nous y allions jouer.
Les gens.
Je suis allée quelques fois chez
Téliet, dans la maison qui est devenue une
école (AB 266). Il y avait un parc magnifique,
d'abord une esplanade devant la maison, puis des
escaliers et une pelouse qui allait jusqu'en bas. Et des
beaux arbres.
[Aujourd'hui, Rolande Barbier vit sa retraite
dans un pavillon de Saint-Apollinaire, à
côté de Dijon, et elle vient
régulièrement passer son mois d'août
dans le village de son enfance.]
paroles recueillies par Christel
Poirrier, à moissey, le mardi 6 août
1996.
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