village de moissey

souvenirs de Marcel Pitot-Belin (1913-1997)

époux de

 

Marcel Pitot-Belin est né le 3 octobre 1913, à Moissey,

dans la maison dite de la Parisienne, rue Belle Orange,

- de son père Joseph Pitot-Belin né à Moissey en 1858 (+1947), et

- de sa mère Anasthasie Guyot née à Tourmont en 1870.

Le petit Marcel a fréquenté la salle d'Asile, (AB 436), l'école maternelle, avec Mlle Marie-Justine Digrado,

puis, il a passé et obtenu son certificat avec M. Edmond Guinchard à l'école des garçons (AB 191).

Du certificat d'études jusqu'au régiment, il s'est mis au travail avec son père, comme ouvrier journalier de culture, puis comme employé à la Scierie Béjean, puis à la Saboterie du même nom, et enfin à la Carrière Téliet.

Après son service militaire commencé à 21 ans, il se voue à la carrière militaire. En 1939, il rencontre son épouse au bal à Choisy-le-Roy avec laquelle ils auront deux enfants,

- Serge né en 1941 et

- Lionel né en 1946.

Il rejoindra Dole pour sa retraite en 1973, après avoir bâti son chalet de campagne, dans le quartier industriel de Moissey, en 1969, (permis de construire signé le Léon Désandes, maire à ce moment-là).

 

La grande guerre.

J'étais petit à l'époque, mais je me rappelle bien du jour du 11 novembre 1918, l'institutrice nous a montré les dessous de la fête de la victoire : un quartot de vin avait été installé sur un chevalet à l'entrée de l'église pour réparer les forces des sonneurs de cloches qui n'arrêtaient pas de sonner. Ils ont aussi brûlé un Guillaume II en paille.

J' ai fait ma communion sous la férule du curé Faustin Tournier, qui n'était pas un commode.

Puis j'ai travaillé avec mon père comme journalier. Quand le père et le fils, nous travaillions chez les maquignons pendant un mois ou deux, nous gagnions 10 F chacun, nourris, par jour. Mais nous faisions des journées de 15 heures.

 

La Scierie Béjean.

La Scierie Béjean était dans le bâtiment en dur, en deuxième rang par rapport à la route.

Vers 1929, je suis entré à la scierie. Je chauffais. C'est à dire que je m'occupais de la machine à vapeur qui fournissait toute l'énergie mécanique de l'entreprise, et plus tard de la Saboterie. C'était une vieille machine.

Marguerite s'occupait de l'administration et de la finance, son fils Marcel dirigeait la boutique. Monsieur Fichot conduisait une équipe de 3 ouvriers. J' étais payé 1,50 F de l'heure. On sciait des grumes de la région que André Barbier (le mari de Blanche, la future jolie laitière) allait chercher avec l'unique camion de la maison. Ce camion avait des roues pleines à l'arrière et des pneumatiques à l'avant.

Il y avait un cheval qui tirait un diable pour amener les arbres du dépôt au sciage. Le cheval s'appelait César, c'était une vraie carne; comme il était conduit par tout le monde et par personne, il fallait s'en méfier. Un jour que je transportais un cageot de copeaux, il m'a culbuté et je suis tombé sur mon derrière, sur une pointe de hache. C'est le vieux Docteur Simeray qui s'est occupé de moi.

Une fois, mon père était allé en vendanges chez Arsène Ardin, il avait été piqué. Il ne pouvait plus parler. Le sang n'a pas coulé. Il a eu une éruption de boutons puis tout est rentré dans l'ordre. Était-ce une vipère, on ne l'a jamais su. C'est le Dr Simeray qui le soignait.

 

La Saboterie.

Vers mes 17 ans, je suis entré à la Saboterie. C'était un bâtiment racheté du Camp des Gorges qui avait été monté contre le flanc "Est" de la Scierie. (Ce bâtiment n'y est plus, il y a, à la place, le hangar métallique qui abrite les camions Béjean-Kayser.

La Saboterie était toute mécanisée. Il fallait préparer, régler et surveiller les machines.

Marcel Cointot faisait le dégrossissage, c'est à dire il passait du brut de sciage à l'ébauche, moi j'étais au tour, pour affiner la forme, un autre était à la creuseuse, pour ménager l'espace pour le pied, puis la paire de sabots passait aux finitions. C'étaient les femmes qui finissaient, un petit motif sculpté avec une espèce de gouge, et de la peinture. Du noir pour les champs, du jaune "or" pour aller à la messe. La Marcelle Simon, elle y était.

En novembre 1930, j'ai eu mon accident sur le tour, je me suis fait dévorer la main par les outils tournants, un morceau du pouce, deux phalanges de l'index, et tout le flanc du majeur. C'est Marcel Béjean qui m'a pris en charge, dans son automobile. Il n'y en avait pas beaucoup des autos, chez Thomas, chez Besson. Il m'a emmené à Dole à la clinique Jennessaut, rue Bernard. C'est le Dr Mignot, qui était aussi maire de Montmirey-la-Ville qui m'a soigné. Marcel m'a ramené, j'ai mangé avec eux à midi, chez eux, autour de la grande table, la table d'hôtes. Marcel Béjean, c'était quelqu'un de bien.

J'ai été arrêté 2 mois, puis j'ai été mis au chantier, c'est à dire à la manipulation des bois, puis au chauffage. Le chantier, c'était attacher les grumes avec des chaînes et les déplacer avec un essieu et une flèche. Quand la grume était à peu près en équilibre sur les deux roues, on pouvait atteler et déplacer.

 

La Carrière Téliet.

Plus tard, je suis allé m'embaucher à la Carrière Téliet.

On mettait des gros blocs sur des wagonnets Decauville, voie de 60 ou à peu près, on les poussait jusqu'au concasseur qui siège tout contre la route, puis on basculait la benne et on recommençait.

Je suis entré chez Téliet en 1932 ou 1933. A mon avis, cette carrière était toute récente, un an ou deux d'âge.

A ce moment-là, les Béjean n'avaient pas encore attaqué dans les bois Besson.

 

moissey, le vendredi 19 juillet 1996, au chalet.

lire aussi le témoignage de Marcel Pitot-Belin.

L'histoire des Béjean par Firmin et Gabrielle

lire aussi le témoignage de Joseph Gaveau, gendre de Marcel Béjean

22 octobre 1949

Les parents de Marcel Pitot-Belin (photo fournie par Bernard Grebot)

1. Marcel Béjean

©collection personnelle Pierre Pénez, Moissey

1920 < date < 1930

la saboterie à vapeur, quartier de la gare

1920 < date < 1930

la saboterie à vapeur, quartier de la gare

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