village de moissey

souvenirs de Pierre Ortiger (1919)

prisonnier de guerre

(pour voir Pierre à l'alambic communal, en 1999).

images ©Christel Poirrier

Pierre Ortiger est né le 26 mars 1919 à Moissey,

dans la maison où ses parents demeuraient, rue basse, AB 48, avec l'assistance de Julie Lasnier, sage-femme demeurant au Château.

- de son père Jean-Marie Ortiger (né le 5 mai 1877 à Ondat-les- Monboissier, dans le Puy de Dôme et décédé en 1936 à Moissey) et

- de sa mère Marie Eugénie Châtelain (née le 28 décembre 1888 à Moissey, et décédée en 1981),

mariés en 1918 à Moissey, sous le mandat de Louis Viénot maire et du curé Faustin Tournier.

Par sa mère Marie Châtelain, qui est la soeur de Pierre Châtelain, il est le neveu par alliance de Marcelle Miroudot, épouse Châtelain.

Pierre est l'aîné d'une famille qui a compté 3 enfants :

- Pierre, né en 1919 et retraité à Moissey,

- Julien, né en 1921 et retraité dans le Doubs,

- André, né en 1923 et décédé en 1980.

 

Mon père, Jean-Marie Ortiger,

était scieur de long, et il est arrivé à Moissey pour travailler à la Scierie Béjean, en 1911, année de l'ouverture de cette industrie. "Il l'a débutée". Il venait de Fraisans. Il restera chez Béjean jusqu'en 1919, année où il se coupera une main. Il deviendra alors paysan, dans un petit train de culture, quand il achètera une paire de boeufs. C'est au cours de son séjour dans le village qu'il fera la connaissance de celle qui deviendra son épouse, Marie Châtelain.

Il a fait le début de la guerre de 1914, mais il s'est retrouvé à scier du bois pour l'Armée qui avait réquisitionné la Scierie Béjean, pour produire du bois d'oeuvre et des traverses de chemin de fer.

 

Je suis allé à l'école du village,

auprès de Mlle Marie-Justine Digrado dans l'école des petits AB 436, en haut, dans la Salle d'Asile, puis chez Messieurs Poussot, Jourdain et Mourin, dans l'immeuble "Mairie AB 191".

J'ai fait ma communion vers 1931, avec Léonide Richard, curé de la paroisse à l'époque.

De ma sortie de l'école primaire jusqu'au service militaire, j'ai aidé mes parents à la culture familiale.


La captivité en Allemagne [mai 1940-mai 1945].

Nous avons appris le conflit par les affiches de mobilisation. J'ai été appelé normalement à l'armée en novembre 1939 et j'ai été affecté à Saint-Etienne pour y faire mes classes. Le 10 mai 1940, j'ai été fait prisonnier au Camp de Mourmelon avec toute ma compagnie. Nous avons été convoyés jusqu'à Neubradenburg, plus au nord que Hambourg.

J'ai été employé à travailler dans des fermes. Pendant 2 ans dans l'une et pendant 3 ans dans l'autre. Dans la première, nous étions une quinzaine dans une maison, que nous quittions le matin pour nous rendre à la ferme et que nous retrouvions le soir, bouclés, pour passer la nuit. Nous avons été à peu près bien traités. J'ai appris l'allemand que pour finir, je parlais couramment.

On avait le droit d'écrire 2 lettres par mois et nous recevions du courrier et des colis, pour la plupart préparés par ma mère, d'autres par la Croix Rouge Américaine, et aussi par les gens du village : à Moissey, les jeunes gens avaient monté du théâtre au profit de leurs soldats prisonniers de guerre.

Nous n'étions pas maltraités, mais nous étions tellement loin du pays... Nous avons trouvé le temps long, très long.

A la fin, ça a quand même duré 5 années, on s'est "évadés", un peu poussés par les Allemands et nous nous sommes réfugiés au camp qui était à 30 km.

Ce sont les Américains, bien avancés en territoire allemand, qui nous ont récupérés. Ils avaient affrété des convois de camions de ravitaillement pour leurs troupes d'occupation et nous sommes revenus dans les camions vides. Nous sommes rentrés par la Hollande, puis là, nous avons pris le train pour la Belgique, puis à Lille, le train pour Dijon, puis Dole. De Dole à Moissey, je suis rentré en voiture avec des bénévoles qui s'occupaient du rapatriement des prisonniers de guerre.

C'était au milieu du mois de mai 1945. Ça a fait 5 ans.

D'autres soldats de Moissey ont aussi été faits prisonniers, parmi lesquels Attilio Turchetto, Virgile Ruisseaux, Roger Verrier, Lucien Vernier et Joseph Sigonney.

Quand je suis rentré au pays, la vie a repris et je suis devenu cultivateur-bûcheron, jusqu'en 1979, année de mes 60 ans.


Le Tacot.

Oh oui que j'ai connu le Tacot.

On le prenait avec mes parents pour aller en ville, pour les provisions, l'habillement, quelquefois l'outillage.

Quelquefois, il fallait pousser le Tacot dans les côtes, pas dans celle de Moissey, mais dans la montée d'Archelange : il arrivait que le Tacot recule vers Jouhe pour prendre son élan pour attaquer la côte d'Archelange.

Quand on n'était pas dedans, et quand le Chef de Gare, le Louis Viénot, n'était pas là, on allait s'amuser autour de la gare. On poussait les wagons, quand on y arrivait. Des wagons vides bien sûr. Les wagons pleins étaient chargés de gravier, de bois. La Scierie Béjean expédiait beaucoup de bois scié. On allait souvent à la gare, voir le Tacot arriver, avec des galvauds de mon âge.

 

La Gare.

Elle a été démolie par Monsieur Téliet, qui l'avait rachetée pour faire des HLM. Elle a été démolie avec une pelleteuse, car il en avait une.

C'était après la guerre. Il n'a pas pu exécuter son projet de HLM parce qu'il est décédé.

Monsieur Téliet a vécu dans la Maison Besson, l'école d'aujourd'hui (AB 266) puis à la fin, dans la maison Verdot (AB 52).

 

Le lavoir des Gorges.

Ce lavoir, nous l'avons bien connu, car nous devions accompagner ma mère quand elle y portait sa lessive, avec une brouette. Les gamins jouaient là-bas. Au moins la moitié des femmes de Moissey allaient laver aux Gorges.

Puis on a mis l'eau chez les gens et les femmes ont fait leur lessive dans leur cour [1963]. Puis plus tard, il y a eu les machines à laver. Ce lavoir a été supprimé après l'adduction.

 

La Carrière des Gorges.

Je ne l'ai jamais vu marcher. Il y a eu des prisonniers allemands, puis les Joyeux. Les Joyeux, c'étaient des délinquants qui s'étaient fait condamnés par l'armée. Il y avait quelques baraquements qui ont été vendus.

 

La carrière de Frasne, dans le Mont-Guérin.

On y tirait de la pierre mureuse, pour bâtir, mais moi, je ne l'ai pas vue en service.

 

La carrière de Frasne des Pontots.

Elle était exploitée par M. Fidalgo, qui était un ancien chef de chantier de M. Téliet. M. Fidalgo a exploité aussi une carrière à Rainans.

Il a ouvert un restaurant avec sa femme après la guerre, sur la place (AB 383/384).

 

Les Carrières Meulières.

Je ne les ai pas vues en service, mais nous les connaissions, car nous allions couper du bois autour.

 

La maison des Bois Matherot (AC 45).

Elle était occupée par la famille Bordey. Monsieur Bordey était bûcheron au service de M. Dubuc, propriétaire des Bois Matherot. M. Bordey avait femme et enfants, qui venaient à l'école ici. Après cette famille, il y a eu, peu de temps, la famille Deschamps, jusqu'en 1958/1959, quand M. Dubuc a quitté le commerce.

 

Le remembrement.

Il s'est déroulé entre 1960 et 1970. C'était une bonne chose, ça a permis de bien regrouper les parcelles. Pour ce remembrement, il n'y a pas eu d'histoires ni rien. Ça n'a pas été compliqué, et maintenant c'est bien mieux qu'avant.

 

L'Eurite de la Serre.

C'est Marcel Téliet qui a ouvert la Carrière d'Eurite, en 1931/1932.

A ce moment, le bois ça marchait moins qu'avant, alors Firmin Béjean a acheté des camions pour faire le transport.

Entre autres, il transportait la pierre et le gravier Téliet. C'est à la suite d'un désaccord entre Téliet et Béjean que les Béjean ont commencé à tirer de la pierre dans les bois Besson, c'est à dire juste à côté, peut-être autour de 1934-1935.

M. Téliet était ingénieur et lieutenant du Génie de réserve. Il avait des projets extravagants. Il voulait creuser un canal de sa carrière jusqu'à la Saône pour faire partir sa pierre dans des péniches. A Rochefort, il avait fait une voie spéciale pour lui pour que ses camions remplissent les wagons.

Il était très autoritaire et il se séparait facilement de ses ouvriers, pour un oui ou pour un non.

Il roulait avec des voitures grosses et anciennes, Hotchkiss, Berliet 944, Ford.

 

Mon oncle Pierre Châtelain.

Il est né en 1890. Il a fait la guerre de 1914. Vers 1930, il est tombé paralysé, jusqu'à sa mort, en 1942. Il avait épousé la Marcelle Miroudot et ils habitaient en bas du village, sur le chemin de Frasne. A son veuvage, ma tante Marcelle est remontée vivre dans la maison familiale Miroudot, dans la rue du Dieu de Pitié.

moissey, le mardi 20 août 1996.

pour voir Pierre à l'alambic communal, en 1999.

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