Armandine Odille est
née à Moissey le 2 août 1913,
dans la maison où elle
vit en retraite en 1996, (AB 66)
- de
son père Joseph Ernest Odille (né le
11 janvier 1883 et décédé
en ...) et
Elle est la seconde fille de ce
ménage, derrière sa soeur Marcelle Odille,
née le 3 décembre 1908,
décédée en 1953, et qui était
l'épouse d'Angelo Rossetto.
Joseph et Joséphine ont
fait un contrat de mariage, daté du 1er
février 1908, chez Maître Besson, notaire
à Moissey.
Les grands-parents
d'Armandine Odille.
- du
côté paternel, Joseph Ernest Odille
est né de son père Joseph et de Mlle
Anne-Marie Ruisseaux de Frasne,
- du côté
maternel, Joséphine Cave est née de
son père Gustave et de Mlle
Adélaïde Jacquinot, du
Deschaux.
Armandine a
fréquenté la petite classe, en bas avec
Mlle Marie-Justine Digrado, pendant qu'oeuvrait Mlle
Thérèse Lissac à l'étage (AB
436). Mais elle n'ira jamais dans la classe des filles
avec Mlle Lissac, puisque c'est à ce moment qu'on
gémine filles et garçons. Donc, au moment
où se supprime le 3e poste d'enseignant à
l'école de Moissey, elle poursuivra donc sa
scolarité chez M. Edmond Guinchard, dans une
classe mixte (AB 191).
Après son certificat
passé à 12 ans, elle rejoint l'exploitation
agricole familiale, jusqu'à l'âge
adulte.
C'est en 1933 qu'elle rencontre
au bal, dans la salle de bal et de cinéma (AB 70)
de l'Hôtel des Voyageurs (AB 71), en face de la
Grande Fontaine du village, un jeune homme de 22 ans,
né en Italie le 18 septembre 1912, qui s'appelle
Attilio Turchetto.
Attilio est ajusteur,
maréchal-ferrant forgeron et il travaille depuis
son arrivée en France en 1931, dans l'entreprise
de Marcel Téliet, à Clerval; il vit avec sa
soeur et son beau-frère à Clerval. M.
Téliet vient d'ouvrir sa Carrière de
porphyre à Moissey et il a déplacé
une partie du personnel qu'il employait sur ses autres
chantiers.
Cette rencontre entre Armandine
et Attilio se révèle décisive,
puisque le 27 avril 1935, ils s'épousent devant
l'adjoint Maurice Besson (qui remplace Ernest Odille, le
maire depuis 1925, père de la mariée), puis
devant le Curé de Moissey qui est Léonide
Richard.
Attilio est naturalisé
le 5 novembre 1936. De ce mariage vont naître deux
enfants,
-
Anne-Marie, le 8 avril 1936, dans la maison
où est Claude Rossetto (AB 139), son futur
cousin, (Anne-Marie se mariera en 1960 avec Michel
Bourge, devant le maire Maurice Besson et le
curé André Paget, et donnera le jour
à Catherine en 1961 et Valérie en
1966),
- Jacques, le 24 juillet
1946, à la maternité de Dole,
(Jacques aura deux enfants, Sophie en 1975 et Line
en 1979.)
[Anne-Marie aime à
souligner que Maurice Besson "a marié" la
mère et la fille.]
Puis Attilio Turchetto quitte
M. Téliet pour faire son service militaire
à Auxonne, il part à la guerre, et il est
fait prisonnier jusqu'au 2 mai 1945. Dès lors, il
entre chez Razel à Foucherans où on
entretient les wagons de la Société Solvay.
La famille s'éloigne alors du village, Anne-Marie
devient pensionnaire au Cours Supérieur Jeanne
d'Arc à Dole, qu'elle quittera bac en poche pour
embrasser la carrière d'institutrice.
Anne-Marie aura bientôt
ce rare privilège d'enseigner là où
elle a été "enseignée", puisqu'elle
a remplacé Mme Picaud pendant 3 mois (congé
de maternité) dans l'école "immeuble de la
Mairie" (AB 191), de janvier à avril 1957. C'est
là qu'elle aura la visite de l'Inspecteur
d'Académie qui viendra visiter la nouvelle future
école de Moissey, la magnifique demeure Besson (AB
266), qui domine toute la place du village de sa simple
majesté. Cette nouvelle école accueillera,
le 1er octobre 1958, deux maîtresses, Lucienne
Picaud et Germaine Guillaume.
La guerre de
1940.
Didine Turchetto et sa fille
racontent à deux, d'ailleurs moins la mère
que la fille, car pour Armandine, c'est toujours de la
douleur.
Le dimanche 3
septembre 1944.
C'était un dimanche.
C'est le jour où ils ont brûlé la
traction de Marcel Guillaume. Ils venaient du Nord. Ils
tiraient dans toutes les fenêtres ouvertes. Maman
allait à la messe, elle a entendu du bruit, qu'on
tirait, elle s'est réfugiée chez Louiset,
le boucher. La fenêtre était ouverte, ils
ont tiré, la balle est passée juste
au-dessus de sa tête et a fracassé un pot de
confiture qui était dans le placard. Ils ont
lancé une grenade dans notre chambre, un placard
plein de provisions pour les colis pour papa, pour ma
communion et pour mon mariage, ce placard a sauté.
Le prie-dieu a reçu aussi, il ne restait que le
tiroir. Le plafond en volige a été
troué, dans le coin droit au fond de la
pièce.
Mon grand-père
Ernest, qui tirait de l'eau chaude de la
cuisinière pour se raser pour aller à la
messe, est tombé sur son derrière sous le
coup de la déflagration. Ensuite ils sont
allés chez Guillaume, le père
d'André, dans la salle à manger, dans son
atelier, puis ils sont allés chez Gilles.
(Récit d'Anne-Marie Turchetto)
Le lundi 4
septembre 1944,
on a entendu les Allemands
qui montaient les escaliers, un petit groupe,
peut-être quatre ou cinq. Mon grand-père,
Ernest Odille qui couchait en bas a ouvert sa porte et
ils sont redescendus. Il y avait André Ardin, qui
parlait un peu l'allemand. Ils venaient le chercher. Ils
les ont montés dans leur camion, pieds nus dans
leurs sabots, juste le temps d'enfiler le pantalon. Ils
sont partis du côté de Dole, nous on ne
savait pas où, on l'a su après. Je croyais
ma dernière heure venue.
Ils sont allés chez
Sigonney, à la Tuilerie, ils leur ont donné
5 minutes pour sauver le bétail et ce qu'ils
voulaient, car ils allaient mettre le feu à la
ferme.
Madame Sigonney
épouvantée leur a sorti une lettre de
Joseph, prisonnier en Allemagne, dans laquelle il mettait
qu'il était bien traité, qu'il n'avait pas
à se plaindre des Allemands. Les Allemands ont lu
cette lettre et ils ont enfin compris que leurs
misères, ça ne pouvait pas venir de la
Tuilerie.
Car, on l'a su après,
mon grand-père me l'a assez raconté, les
Allemands étaient arrivés tard dans la
soirée à Moissey. A la sortie des bois de
Frasne, on leur avait tiré dessus. Ils sont donc
allés trouver le maire aussitôt pour les
conduire à la Tuilerie, pour exécuter leur
vengeance, car ils pensaient que les coups de feu
étaient partis de là.
Pour finir, en descendant le
chemin de la Tuilerie, les Allemands avec mon
grand-père et André Ardin ont tourné
à gauche en direction de Dole, et ils ont
laissé les deux Français à la Halte
de Peintre, qui sont rentrés à pied. Mon
grand-père n'a jamais su si c'était par
malice ou par erreur qu'ils avaient pris à
gauche.
Le samedi 9
septembre 1944.
Le Gendarme FFI Michel,
revenait de Dole à moto qui venait d'être
libérée. Il était très
euphorique et il annonçait la bonne nouvelle dans
les villages qu'il traversait. Il a annoncé la
victoire trop tôt, car à
Montmirey-le-Château, les Allemands l'ont descendu,
ils ont fait demi-tour et sont allés
jusqu'à Jouhe massacrer un groupe de 22 jeunes
gens.
Papa prisonnier
de 1940 à 1945.
Maman lui faisait des colis
régulièrement qui sont d'ailleurs tous
arrivés à destination. Elle a gardé
sur son carnet l'inventaire du contenu de
chacun.
Au Stalag, les Allemands ont
reconnu en papa un ancien Italien et ils lui ont
donné la possibilité de faire valoir sa
précédente nationalité Italienne.
Papa a répondu que son pays, c'était la
France, celui qui l'avait accueilli pour le
nourrir.
moissey, le jeudi
11 juillet 1996.
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