village de moissey

souvenirs d'Armandine Odille (la Didine) °1913, +1997

-épouse d'Attilio Turchetto-

et d'Anne-Marie Turchetto, sa fille, née en 1936

-épouse de Michel Bourges, né en

image fournie par Jules Durot. Devant l'école Joubert, AB 191.

1925 Edmond Guinchard et Mme Guinchard

1. Charles et Marcel Mignot, Georges Lormand, Camille Viennot, Georges et Gaston Simonin.

2. Annette Lamielle, Aimé Aupy, Joseph Bellorgie, André Simonin, André Viennot, Marcel Ruisseaux.

3. André Fichot, Marthe Bellorgie, Marcelle Claustre, Armandine Odille, Gabrielle Patin, Marinette Miroudot et Andrée Gerriet.

1935

Mariage Odille-Turchetto et Odille-Rossetto, 27 avril 1935.

Attilio Turchetto, son épouse Armandine, et Marcelle, épouse d'Angelo Rossetto.

souvenirs d'armandine odille,

-1913 - 1997-

 

Armandine Odille est née à Moissey le 2 août 1913,

dans la maison où elle vit en retraite en 1996, (AB 66)

- de son père Joseph Ernest Odille (né le 11 janvier 1883 et décédé en ...) et

- de sa mère Joséphine Cave (née le 24 juillet 1883 et décédée en ...). La sage-femme s'appelait Julie Lasnier (épouse d'Albert) domiciliée au château (AB 270) de Moissey avec son époux et mère d'Albert, leur fils et de Marinette, leur fille.

Elle est la seconde fille de ce ménage, derrière sa soeur Marcelle Odille, née le 3 décembre 1908, décédée en 1953, et qui était l'épouse d'Angelo Rossetto.

Joseph et Joséphine ont fait un contrat de mariage, daté du 1er février 1908, chez Maître Besson, notaire à Moissey.

 

Les grands-parents d'Armandine Odille.

- du côté paternel, Joseph Ernest Odille est né de son père Joseph et de Mlle Anne-Marie Ruisseaux de Frasne,

- du côté maternel, Joséphine Cave est née de son père Gustave et de Mlle Adélaïde Jacquinot, du Deschaux.

Armandine a fréquenté la petite classe, en bas avec Mlle Marie-Justine Digrado, pendant qu'oeuvrait Mlle Thérèse Lissac à l'étage (AB 436). Mais elle n'ira jamais dans la classe des filles avec Mlle Lissac, puisque c'est à ce moment qu'on gémine filles et garçons. Donc, au moment où se supprime le 3e poste d'enseignant à l'école de Moissey, elle poursuivra donc sa scolarité chez M. Edmond Guinchard, dans une classe mixte (AB 191).

Après son certificat passé à 12 ans, elle rejoint l'exploitation agricole familiale, jusqu'à l'âge adulte.

C'est en 1933 qu'elle rencontre au bal, dans la salle de bal et de cinéma (AB 70) de l'Hôtel des Voyageurs (AB 71), en face de la Grande Fontaine du village, un jeune homme de 22 ans, né en Italie le 18 septembre 1912, qui s'appelle Attilio Turchetto.

Attilio est ajusteur, maréchal-ferrant forgeron et il travaille depuis son arrivée en France en 1931, dans l'entreprise de Marcel Téliet, à Clerval; il vit avec sa soeur et son beau-frère à Clerval. M. Téliet vient d'ouvrir sa Carrière de porphyre à Moissey et il a déplacé une partie du personnel qu'il employait sur ses autres chantiers.

Cette rencontre entre Armandine et Attilio se révèle décisive, puisque le 27 avril 1935, ils s'épousent devant l'adjoint Maurice Besson (qui remplace Ernest Odille, le maire depuis 1925, père de la mariée), puis devant le Curé de Moissey qui est Léonide Richard.

Attilio est naturalisé le 5 novembre 1936. De ce mariage vont naître deux enfants,

- Anne-Marie, le 8 avril 1936, dans la maison où est Claude Rossetto (AB 139), son futur cousin, (Anne-Marie se mariera en 1960 avec Michel Bourge, devant le maire Maurice Besson et le curé André Paget, et donnera le jour à Catherine en 1961 et Valérie en 1966),

- Jacques, le 24 juillet 1946, à la maternité de Dole, (Jacques aura deux enfants, Sophie en 1975 et Line en 1979.)

[Anne-Marie aime à souligner que Maurice Besson "a marié" la mère et la fille.]

Puis Attilio Turchetto quitte M. Téliet pour faire son service militaire à Auxonne, il part à la guerre, et il est fait prisonnier jusqu'au 2 mai 1945. Dès lors, il entre chez Razel à Foucherans où on entretient les wagons de la Société Solvay. La famille s'éloigne alors du village, Anne-Marie devient pensionnaire au Cours Supérieur Jeanne d'Arc à Dole, qu'elle quittera bac en poche pour embrasser la carrière d'institutrice.

Anne-Marie aura bientôt ce rare privilège d'enseigner là où elle a été "enseignée", puisqu'elle a remplacé Mme Picaud pendant 3 mois (congé de maternité) dans l'école "immeuble de la Mairie" (AB 191), de janvier à avril 1957. C'est là qu'elle aura la visite de l'Inspecteur d'Académie qui viendra visiter la nouvelle future école de Moissey, la magnifique demeure Besson (AB 266), qui domine toute la place du village de sa simple majesté. Cette nouvelle école accueillera, le 1er octobre 1958, deux maîtresses, Lucienne Picaud et Germaine Guillaume.


La guerre de 1940.

Didine Turchetto et sa fille racontent à deux, d'ailleurs moins la mère que la fille, car pour Armandine, c'est toujours de la douleur.

 

Le dimanche 3 septembre 1944.

C'était un dimanche. C'est le jour où ils ont brûlé la traction de Marcel Guillaume. Ils venaient du Nord. Ils tiraient dans toutes les fenêtres ouvertes. Maman allait à la messe, elle a entendu du bruit, qu'on tirait, elle s'est réfugiée chez Louiset, le boucher. La fenêtre était ouverte, ils ont tiré, la balle est passée juste au-dessus de sa tête et a fracassé un pot de confiture qui était dans le placard. Ils ont lancé une grenade dans notre chambre, un placard plein de provisions pour les colis pour papa, pour ma communion et pour mon mariage, ce placard a sauté. Le prie-dieu a reçu aussi, il ne restait que le tiroir. Le plafond en volige a été troué, dans le coin droit au fond de la pièce.

Mon grand-père Ernest, qui tirait de l'eau chaude de la cuisinière pour se raser pour aller à la messe, est tombé sur son derrière sous le coup de la déflagration. Ensuite ils sont allés chez Guillaume, le père d'André, dans la salle à manger, dans son atelier, puis ils sont allés chez Gilles. (Récit d'Anne-Marie Turchetto)

 

Le lundi 4 septembre 1944,

on a entendu les Allemands qui montaient les escaliers, un petit groupe, peut-être quatre ou cinq. Mon grand-père, Ernest Odille qui couchait en bas a ouvert sa porte et ils sont redescendus. Il y avait André Ardin, qui parlait un peu l'allemand. Ils venaient le chercher. Ils les ont montés dans leur camion, pieds nus dans leurs sabots, juste le temps d'enfiler le pantalon. Ils sont partis du côté de Dole, nous on ne savait pas où, on l'a su après. Je croyais ma dernière heure venue.

Ils sont allés chez Sigonney, à la Tuilerie, ils leur ont donné 5 minutes pour sauver le bétail et ce qu'ils voulaient, car ils allaient mettre le feu à la ferme.

Madame Sigonney épouvantée leur a sorti une lettre de Joseph, prisonnier en Allemagne, dans laquelle il mettait qu'il était bien traité, qu'il n'avait pas à se plaindre des Allemands. Les Allemands ont lu cette lettre et ils ont enfin compris que leurs misères, ça ne pouvait pas venir de la Tuilerie.

Car, on l'a su après, mon grand-père me l'a assez raconté, les Allemands étaient arrivés tard dans la soirée à Moissey. A la sortie des bois de Frasne, on leur avait tiré dessus. Ils sont donc allés trouver le maire aussitôt pour les conduire à la Tuilerie, pour exécuter leur vengeance, car ils pensaient que les coups de feu étaient partis de là.

Pour finir, en descendant le chemin de la Tuilerie, les Allemands avec mon grand-père et André Ardin ont tourné à gauche en direction de Dole, et ils ont laissé les deux Français à la Halte de Peintre, qui sont rentrés à pied. Mon grand-père n'a jamais su si c'était par malice ou par erreur qu'ils avaient pris à gauche.

 

Le samedi 9 septembre 1944.

Le Gendarme FFI Michel, revenait de Dole à moto qui venait d'être libérée. Il était très euphorique et il annonçait la bonne nouvelle dans les villages qu'il traversait. Il a annoncé la victoire trop tôt, car à Montmirey-le-Château, les Allemands l'ont descendu, ils ont fait demi-tour et sont allés jusqu'à Jouhe massacrer un groupe de 22 jeunes gens.

 

Papa prisonnier de 1940 à 1945.

Maman lui faisait des colis régulièrement qui sont d'ailleurs tous arrivés à destination. Elle a gardé sur son carnet l'inventaire du contenu de chacun.

Au Stalag, les Allemands ont reconnu en papa un ancien Italien et ils lui ont donné la possibilité de faire valoir sa précédente nationalité Italienne. Papa a répondu que son pays, c'était la France, celui qui l'avait accueilli pour le nourrir.

moissey, le jeudi 11 juillet 1996.

1935

Mariage Odille-Turchetto et Odille-Rossetto, 27 avril 1935, devant le café de Moissey. Marcel Guillaume et sa femme Germaine, Emile Belleney et sa femme Berthe et Jean-Marcel Téliet.

1935

Mariage Odille-Turchetto et Odille-Rossetto, 27 avril 1935, devant le café de Moissey.

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Angelo Rossetto et Attilio Turchetto

1. Debout: Angelo Rossetto et Attilio Turchetto

2. Adultes assis:

3. enfants: no-identifiée et Anne-Marie Turchetto, née en 1936.

Récit d'Armandine Odille.

 

La guerre de 1914-1918.

Le 11 novembre 1918, ils ont apporté à boire toute la nuit dans des seaux, pour ceux qui sonnaient les cloches. Certains voulaient danser, mais d'autres s'y sont opposés, car il fallait penser à ceux qui avaient des leurs qui n'étaient pas revenus.

Les Gorges.

- La Carrière n'a pas fonctionné un jour. Ça n'allait pas, avec les machines. Ils ont dû exploiter à la main.

Le lavoir.

- Le lavoir. En 1920, c'était un trou du ruisseau, il n'était pas maçonné. Mais je me rappelle qu'une fois mariée, donc en 1935, il y avait un bassin, c'est-à-dire les deux bords qui se regardent [les longueurs], et une largeur qui faisait un peu barrage, mais avec un trop plein, construits de façon à pouvoir accrocher le banc à laver en bois.

Il y avait même un toit, qui, paraît-il, avait été récupéré des anciennes installations de la Carrière voisine.

 Le Tacot.

- Le Père Razel, le père de l'employeur de mon mari Attilio, a participé, autour de 1898, aux travaux de terrassement de la plate-forme du tram. C'était une entreprise de travaux publics.

- Le Tacot, on ne le prenait pas souvent, une ou deux fois par an, quand il y avait besoin, et quand on était gamines, quand il fallait acheter des chaussures, des blouses, des robes. Nous les jeunes, on n'arrêtait pas de faire le cirque, même si nos parents étaient assis pas loin.

- Après le certificat, nous y allions en bicyclette. Une femme de Frasne avait dit à ma mère "Si tu voyais ta grosse comme elle y va (au pédalage)".

- Il y avait une personne célèbre à Dole comme à Moissey, c'était Madame Bon, que tout le monde appelait la Cossotte. Elle habitait dans le quartier de Fort Griffon (AB 300). Elle ramassait les oeufs sur Frasne, Peintre et Moissey et allait les vendre au marché couvert à Dole. Elle vendait aussi du fromage blanc, du metton, du beurre. Elle faisait aussi les commissions des gens d'ici, et en particulier, elle allait aux médicaments dans les pharmacies doloises. Les pharmaciens la connaissaient bien.

- Un jour, une dame d'Offlanges qui se trouvait à l'arrêt à Menotey a profité qu'on faisait le plein d'eau pour la locomotive, pour aller aux toilettes. Mais comme elle avait peur que le train reparte sans elle, elle s'est dépêchée et elle a couru jusqu'à la voiture avec la culotte aux chevilles. Pour se défaire de cet embarras, en deux ronds de jambes, elle a balancé la culotte et est montée dans le train. C'était sans compter avec la présence des autres voyageurs, dont des garçons en âge d'en plaisanter qui lui chantèrent "Elle a perdu son pantalon, Tout en dansant le Charleston".

Cet événement l'a tant poursuivie qu'elle et son mari ont dû déménager.

Les loisirs, dimanches et la fête.

Tous les dimanches après midi, on allait danser dans la salle (AB 70) de l'Hôtel des Voyageurs. C'était Madame Ardin qui tenait, et elle tenait aussi la recette buraliste, qui était à la place de la salle de jeux de l'actuel bistrot (AB 71). Elle avait eu trois garçons, les 3 A, André, Aymé, Arsène.

C'était un piano mécanique à deux sous. Quand le Père Darcy décidait que ça ne jouait pas, on allait se promener.

Après sa mère et André Ardin, l'hôtel sera tenu par les Brégand, puis M. et Mme Ferry.

Quand j'avais 14 ans, il y avait du théâtre dans la rue du Dieu de Pitié, là où la Titine a été plus tard propriétaire (AB 203), à côté de chez la Calette [Thérèse Durot, AB 204]. Marcel Davet y chantait. Il y avait une scène, des rideaux. C'était le curé Léonide Richard qui avait organisé, avec sa figure poupine. Il y avait aussi Marcel Thomas qui chantait.

Il y avait eu du théâtre ailleurs à Moissey, c'était dans la maison qui appartenait à l'Association Paroissiale (AB 91) où se sont installés plus tard les Raposo. Ce théâtre était joué par Madeleine Thomas (la fille d'Aymé) et ses copines. Il servait aussi d'occasion de faire une quête pour nos soldats prisonniers, entre 1940 et 1944.

Les jeunes se réunissaient tous les soirs à la laiterie qui a longtemps siégé sous la boucherie (AB 406). On n'y faisait que du beurre, il y avait une baratte.

J'ai tenu la laiterie pendant 4 mois en 1945, après moi, c'était la fille Grebot, Anne. Il y a eu aussi la Blanche Barbier [née Lacombe et soeur d'Eva Aubert], la femme de Dédé Barbier, le camionneur de chez Béjean.

Pour la fête.

On dansait encore plus que d'habitude. Il y avait les manèges. D'abord, il y avait deux gosses qui étaient dedans et qui faisaient tourner, puis après, il y a eu un âne ou un cheval.

Le Bal était était monté sur la Place, puis dans la cour de chez Collieux, chez Monsieur et Madame By (AB 293). M. By n'avait qu'un oeil car il avait reçu une boule de neige dans l'autre. La fête a été plus tard à la Gare.

La fête avait lieu le dimanche et le lundi, toute la famille était invitée chez nous. Le dimanche d'après, c'était le retour et on remettait ça.

L'appariteur.

C'était le père Boiteux, en 1923 ou 1925, avec son tambour, puis après, c'était Monsieur Pitot-Belin, le père de Marcel. Il annonçait ce qu'il allait dire par un roulement de tambour.

Mon père Ernest Odile.

Il avait donné ses deux filles en mariage à des Italiens. Ça ne le gênait pas, mais dans la famille, il y en a qui avaient tiqué.

Mon père, qui a été longtemps maire, était invité à toutes les noces car il chantait bien. Il a fait 58 noces. Quelquefois, il chantait avec le mari [Albert Dubief] de la Titine[Augustine Durot].

Il était aussi très espiègle : il donnait à la quête un demi-billet de 100 sous, puis à un autre endroit ou une autre église l'autre moitié en disant malicieusement que d'après lui, les deux morceaux allaient bien se retrouver...

Il chantait les Blés d'Or comme personne,

rajoute affectueusement Anne-Marie, sa petite-fille.

moissey, le jeudi 18 juillet 1996.

1939-1945

Attilio Turchetto, le premier à gauche, prisonnier en Allemagne (1939-1945).

1939-1945

Prisonniers en Allemagne (1939-1945), camarades d'Attilio Turchetto.

1939-1945

Attilio Turchetto, à gauche, le troisième, avec un calot, prisonnier en Allemagne (1939-1945).

1938

En 1938, Angelo Rossetto, Attilio Turchetto et la petite Anne-Marie Turchetto (née en 1936).

1937

Angelo Rossetto, un autre Italien et Attilio Turchetto.

vers 1902

Joseph Ernest Odille (né le 11 janvier 1883)

1938

Ernest Odille et sa petite-fille Anne-Marie, née en 1936, à côté du vivier Masson, fontaine de la République.

193X

Attilio, le 3e, avec ses potes, devant l'entrée Malet.

193X

Attilio, le 3e (grosse casquette, souriant, avec ses potes), devant l'entrée Malet.

<1930

Les ouvriers de l'entreprise Téliet, à Clerval, à la réfection d'un pont, (avant 1930).

<1930

Les ouvriers de l'entreprise Téliet, à Clerval, sur une barge, (avant 1930).

194?

Ernest Odille et sa famille.

Attilio Turchetto

son épouse, Armandine

Ernest Odille

Anne-Marie, née en 36

1937

Attilio Turchetto, le 8e debout, un objet brillant à la main, devant le P1 en 1937.

1937

Attilio Turchetto, devant le P1 en 1937, au centre, sur un genou, grosse casquette penchée.

1942

La troupe à la neige, le 8 février 1942.

Emilienne Gilles

Bernadette Grebot

Odette Collieux

Germaine Briet

Madeleine Thomas

Raymonde Miroudot

1937

Près de la première école, vers 1940.

Julien Verrier

Maria Rossetto

Julia Verrier, mère de Julien

Maria Thomas

non-identifié

un Italien, mari de Maria Rossetto.

Frank, fils de Maria Rossetto.

non-identifié

1937

Anne-Marie Turchetto se marie en 1960 avec Michel Bourge, devant le maire Maurice Besson et le curé André Paget

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