village de moissey

loin en arrière

Moissey 1616, une singulière affaire

par Brigitte Laffage de Montmirey-la-Ville

autres articles sur l'histoire du patrimoine

Une affaire d'infanticide à Moissey,

au temps de la petite fille de Charles-Quint, Isabelle, archiduchesse,

Elle avait reçu en dot la Franche-Comté et les Pays-Bas.

 

Source : Paul Delsalle

¸ conférence du 29 janvier 2004 dans le cadre de l'Université Ouverte de Dole

¸ « La Franche-Comté au temps des Archiducs Albert et Isabelle (1598-1633) »

(collection « Didactiques » aux Presses Universitaires Franc-Comtoises)

 

« En 1618-1619, Marguerite et Jeanne Collinet, de Fleurey, sont poursuivies pour concubinage incestueux, infanticides et mauvais traitements. C'est sûrement cette affaire qui a motivé le premier édit contre les infanticides évoqué ci-dessous.» écrit Paul Delsalle. « Sur ce point, la Franche-Comté semble très en retard par rapport à la France, où Henri II a publié un édit contre les infanticides dès 1556-1557. »

 

L'affaire

Le curé Colinot, « nonobstant l'alliance » qu'il avait avec ses nièces, et avec Marguerite en particulier, a eu avec elle des rapports incestueux comme « …de leur manier les tétons … toucher les parties honteuses … »

Et ce qui devait arriver arriva …

En janvier 1616, Marguerite accouche à Fleurey d'un enfant qui sera transporté « … par la rigueur de l'hiver lors régnant … » à Bourguignon-les-Morey pour y être baptisé par le curé, puis conduit à Précigney, en Haute-Marne, encore à 8 km de là. L'enfant ne supportera pas le voyage (on lui avait pourtant fait têter un linge mouillé avec du lait)

 

L'édit du 4 février 1621

« … En toutes causes intentées contre femmes, accusées d'avoir perdu leur fruict, les enfans conceus et enfantez hors de legitime mariage, par femmes, qui ont celé et caché leur grossesses et enfantement, s'ils sont trouvés morts par apres, sont presumez estre venus vifs au monde, et morts par la faute de leur mere ; et s'il y a quelque marque de violence sur le corps de l'enfant, il est présumé avoir été violenté par sadite mere, si par preuves concluantes, ou par indices plus urgens elle ne justifie le contraire. »

J'ignore la peine infligée à cette date, mais, dans un second édit en date du 11 décembre 1624, il est écrit que

« … [ces femmes] … si l'on ne trouve aucune marque , ou indice de violence,…[ sur l'enfant] … seront chastiées au corps de peine, qui ne pourra estre moindre que du foüet, et bannissement perpétuel, nonbstant tout ce qu 'elles pourroient dire, que leurs enfants seroient venus morts au monde, decedez sans leur faute.

Que si sur le corps de l'enfant mort, ou hors d'iceluy, se découvrent quelques vestiges ou indices de violence, mesme par abandonnement, projection, ou exposition du corps, elles seront chastiées du dernier supplice de mort, comme meutrières de leurs propres enfans.

De laquelle peine de mort seront aussi punies celles qui ayans esté engrossées par moyens deshonnestes, et celé leur grossesse ou accouchement, ne pourront faire apparoir du corps de leurs enfans. »

Brigitte Laffage

"J'ai bien trouvé l'affaire Collinet mais les écritures du début du XVIIème sont pour moi quasi illisibles (image jointe). Je vais prendre des cours de paléographie ! Dans les archives du parlement de Dole, j'ai aussi trouvé un procès contre Louis Thiebaud de Rochefort pour coup de fusil à Jean de Vitte de Moissey (1623), un autre contre François Roz de Moissey pour homicide, un autre contre Pierre Venot et Jacques Pitol, dit Belin de Moissey, pour blasphèmes et outrages à plaies ouvertes de François Guillemin de Moissey (1655-1657).

Qu'il faisait bon vivre à Moissey en ce temps là !" (B. L.)

transmission, texte et image, de Brigitte Laffage de Montmirey-la-Ville.

autres articles sur l'histoire du patrimoine

portail de moissey.com
e-nous écrire